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lire Action contre la Syrie: offensive française pour convaincre les Européens

mercredi 4 septembre 2013



Alors qu'un débat - sans vote - est organisé ce mercredi au Parlement français et que les partis politiques restent divisés sur l'opportunité d'une action militaire, une Europe plus soudée sur le dossier syrien faciliterait aussi l'effort de persuasion mené parallèlement par l'exécutif sur la scène intérieure. "L'Europe doit (...) se réunir sur ce dossier. Elle le fera, chacun avec sa responsabilité", a assuré mardi le président français François Hollande.



La France est assez isolée...

Mais, jusqu'à présent, Paris apparaît plutôt isolé. Berlin a exclu toute participation à d'éventuelles frappes en Syrie en représailles à l'emploi d'armes chimiques et Londres a reculé après un vote négatif du Parlement, une décision aussitôt saluée par la Belgique, pourtant l'un des soutiens traditionnels de la France. D'ailleurs, d'usage d'armes chimiques par Damas. L'Italie et l'Espagne refusent quant à elle une action sans autorisation de l'ONU, impossible à obtenir sans revirement russe.



Les Français veulent une déclaration de soutien, faute de soutien opérationnel

Depuis le début de la semaine, Paris multiplie les contacts avec les Européens et avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton, "si possible pour avoir une décision à 28", selon une source diplomatique. "Paris souhaiterait une déclaration de soutien politique des Européens, faute de soutien opérationnel. On leur demande si possible de nous aider mais au moins de ne pas nous empêcher par une déclaration du genre 'pas d'intervention sans autorisation du Conseil de sécurité'", souligne cette source.



Quelques pays sont pour: "la Croatie, le Danemark, la Grèce, la Lettonie, la Roumanie et Chypre"

Parmi les 28, ceux qui soutiennent "sans ambiguïté" une intervention en Syrie même sans mandat onusien, sont peu nombreux. Dans cette catégorie, entrent la Croatie, le Danemark, la Grèce, la Lettonie, la Roumanie et Chypre, assure-t-on dans l'entourage du chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.

Mercredi, le ministre français a balayé l'idée que la France soit isolée. "Il y a le soutien pour l'action de la Ligue arabe. Il y a le soutien de beaucoup de pays européens même si eux-mêmes ne sont pas dans l'action militaire", a-t-il dit sur la radio France Info. "Nous sommes dans une coalition que nous essayons d'élargir", a-t-il insisté.



Une éventuelle "position commune" en fin de semaine

Un décompte des positions pourrait être fait en fin de semaine à l'occasion d'une rencontre informelle à Vilnius des ministres européens des Affaires étrangères. Cette réunion s'achèvera sur une déclaration de Catherine Ashton et la définition éventuelle d'une "position commune" si Paris réussit son entreprise de persuasion.



L'Europe n'a guère brillé par des positions fortes

Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, invité à Vilnius, devrait épauler Paris pour obtenir l'adhésion des récalcitrants à une "punition" de Bachar al-Assad. "Jamais peut-être une crise internationale n'a réclamé avec autant d'évidence une initiative européenne forte", juge Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman spécialisée dans les relations européennes, en évoquant l'affaiblissement du poids des Etats-Unis sur la scène mondiale et la paralysie du Conseil de sécurité.

Problème: l'Europe de la Défense est balbutiante et l'Union européenne n'a guère brillé ces dernières années par des positions fortes et unanimes sur des dossiers internationaux.



Rien qu'en France, la classe politique est très divisée

Comme dans plusieurs pays européens, la classe politique française est bousculée par l'affaire syrienne. Le premier parti d'opposition, l'UMP (droite), a trouvé difficilement mardi une position commune pour n'accepter une intervention qu'après "la publication" d'un rapport d'enquête de l'ONU et "une résolution des Nations unies". Les socialistes au pouvoir sont eux aussi divisés, les écologistes, membres de la coalition gouvernementale, sont en faveur d'une action, l'extrême droite et la gauche radicale sont contre tandis que les centristes restent sceptiques.



Gare à "l'inaction"

Le fait d'intervenir "va favoriser une solution politique" en Syrie, a promis mercredi matin Laurent Fabius, en mettant en garde contre l'inaction. Si frappes il y a, le président syrien en ressortira affaibli et peut-être "comprendra-t-il le message", ouvrant la perspective d'une solution politique, martèle-t-on au Quai d'Orsay.







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